Comment fixer un robinet sur sa marmite de brassage ?

Ceux qui se sont déjà essayés à cet exercice savent qu’il est plutôt périlleux de transvaser les 20 litres de contenu bouillant d’une marmite de brassage, même à plusieurs. L’usage d’un robinet, de gros calibre afin que les drèches de malt ou de houblons puissent y passer sans encombre, vous permettra d’éviter de connaître la même fin tragique qu’un homard dans un grand restaurant.

Petit problème, grande solutions ! Bien sûr, les boutiques en ligne spécialisés pour le brassage, proposent des marmites munies d’un robinet mais à quel prix ?! Et surtout dans des diamètres beaucoup trop petits qui ne permettront jamais de faire passer vos drèches. L’usage d’un fond filtrant pourrait être une solution efficace, mais malheureusement, elle aussi assez cher. Voici donc notre solution pour munir votre marmite d’un robinet à vanne boule de 1 pouce (25,4 mm) :

D’abord il vous faut une marmite. Celle-ci est en inox, c’est le matériaux idéal. Notre première marmite était en aluminium. Sa tôle était bien plus épaisse, mais l’alu, même allié, étant beaucoup plus tendre que l’inox, l’opération n’a pas été plus difficile.

Voici l’ensemble des éléments nécessaires à la conception du robinet. Tous sont facilement trouvables dans votre grande surface de bricolage préférée. Sinon, c’est qu’il faut en changer ! Tout les filetages de ses éléments sont de diamètre 27. De gauche à droite, nous avons : Un écrou en laiton avec filetage femelle, une paire de rosace pour applique en laiton de diamètre 27 également, un mamelon égal avec un filetage mâle à chaque extrémité, une vanne boule à passage intégrale dont les extrémités sont elles filetés femelles et enfin un coude dont au moins une extrémité doit porter un filetage mâle.

Bon, c’est pas le trou, mais il va bien falloir y faire un orifice dans cette marmite si on veut y mettre notre robinet ! La première étape consiste à percer un trou pour pouvoir y placer la vis d’un emporte pièce pour tôle d’inox de 32 mm. Et c’est là que ça coince. Nous avons commencé avec un forêt spécial inox de 10 mm (comme indiqué par l’abruti qui a pondu la notice du dit emporte pièce). Sauf que ce n’est pas assez grand, il faudrait un trou d’au moins 16 mm. Vous pouvez essayer comme nous avec une outil pour le bois de 16 mm si vous aimez bousiller votre matériel et chatouiller votre marmite.

C’est là qu’une frénésie s’est emparée de nous et qu’il a été décidé d’employer les outils de découpage massif, j’ai nommé : le Dremmel !

Même du Titane ne ferait pas le malin face à cet outil et ses 40 000 tours minutes ! Ici un premier essais a été effectué avec une meule large.

Ca fonctionne, mais ça chauffe très vite, c’est un peu long, on a tendance à ripper, et ça ne fait pas assez d’étincelles à mon goût.

Boarf, quitte à ne pas faire une découpe très précise, autant y aller avec un disque de grand diamètre. Le tout est de ne pas faire un trou plus grand que le diamètre du mamelon qui passera au travers.

Eh ben en voilà des étincelles !

Le port d’un casque anti-bruit ou de boules quies est recommandé (l’opération est courte cependant), mais l’usage de lunettes de protections est absolument indispensable. Une particule de métal en fusion dans le fond de l’oeil n’est jamais très agréable. La meilleure méthode pour ne pas se couper un doigt est d’utiliser la main qui ne porte pas l’outil pour tenir la casserole, comme ça les doigts se trouvent toujours loin du disque.

 

Quatre traits de disques forment un trou carré. Et ça nous permet de se la péter grave avec nos belles photos d’étincelles.

L’emporte pièce est mis en place dans ce pré trou. Celui-ci est composé d’une vis et de sa rondelle, d’une matrice, et d’un outil de découpe.

C’est diablement efficace et simple d’utilisation. Il suffit de serrer la vis, l’outil de découpe (visible ici du côté intérieur de la marmite) se rapproche ainsi de la matrice tout en découpant la tôle.

Par contre il faut un peu de muscle quand même, mais rien d’insurmontable, surtout si vous avez une grande clef.

Et voilà, un beau trou d’exactement 32 mm de diamètre parfaitement découpé. Notre capitaine pirate tiens le morceau de tôle qui vient d’être découpé. Comme vous pouvez le voir, il est quelque peu déformé par l’opération, . En arrière plan se trouve l’emporte pièce utilisé. De gauche à droite : Vis, rondelle, matrice, outil de découpe.

Parfaitement découpé ? Pas exactement, il reste quelques très légères bavures qui vont être reprise à la lime diamant plate et au papier de verre grain 220 (ici collé au double face sur un morceau de plexi épais pour plus de commodité)

Maintenant que le plus dur est fait, il faut modifier quelques peu notre paire de rosace pour applique dont l’ouverture a un diamètre un peu trop faible. Nous avons d’abord utilisé une pointe à tracer en carbure pour graver de l’intérieur la pliure qui est la plus proche du centre. Ensuite, de nombreuses encoches sont faites à la pince coupante (une grosse paire de ciseau peut convenir également). Une petite torsion permet de casser les languettes ainsi formées et d’obtenir une ouverture du bon diamètre. 
Là, certains internautes se demandent sans doute pourquoi ne pas voir utiliser l’emporte pièce qui est pile poil du bon diamètre ? Tout simplement parce que nous n’y avons pensé qu’en écrivant ces lignes. C’est sans doute au moins aussi efficace, et beaucoup plus rapide.

Afin d’assurer une bonne étanchéité à notre robinet, il est indispensable de le munir de joints. Ceux-ci devant à la fois être souples, résistants à la chaleur, et au contact alimentaire. Il a été choisi de les découper dans un moule à gâteau en silicone. Cette opération chirurgicale nécessite l’utilisation d’un compas-cutter, ainsi que d’un pied à coulisse pour bien régler ce dernier. Commencez par découper l’extérieur pour que le disque formé soit légèrement plus petit que la rosace. Puis en prenant garde de bien piquer au même centre avec le compas-cutter, découpez l’intérieur d’un diamètre légèrement plus petit que celui de votre mamelon. Oui celui qui est en laiton au fond de la photo, pas celui de votre femme ! Même si ses seins sont aussi en silicone.

Le reste du montage ressemble à du Lego (si, si, je vous assure !). Il suffit juste d’assembler les éléments entre eux. Le mamelon est pourvu, sur un de ses filetage, d’une rosace, d’un joint et est placé dans le trou de notre marmite.

Toujours afin d’avoir une bonne étanchéité de la bande de téflon est enroulée autour de chaque filetage.

A l’intérieur de la marmite, là où ressort notre mamelon (il ressort, mais sans pointer. Étonnant non ?), sont placés un joint, puis la deuxième rosace et enfin l’écrou qui peut désormais être vissé, mais pas encore serré.

La vanne peut-être vissée sur le mamelon (attention au sens, il faut qu’elle puisse être ouverte), puis le coude est ajouté. Il faut maintenant ajuster le serrage de l’écrou de façon à ce que le coude soit bien orienté vers le bas.

 Et voilà une belle marmite avec un non moins beau robinet. Pensez à vérifier que votre montage est bien étanche avant votre première utilisation. Si l’ensemble est démontable, afin de garantir la pérennité du montage, nous ne saurons que trop vous déconseiller de le faire, du moins pour le mamelon, son écrou et leurs joints. Néanmoins si vous voulez gagner un peu de place ou qu’un nettoyage en profondeur s’impose le démontage de la vanne et du coude sont tout à fait envisageables, à condition de remplacer la bande de téflon. En une dizaine de brassage, notre robinet ne s’est bouché qu’une fois. Problème qui a littéralement été résolu en deux coups de cuillère à pot !